« une clairière quand-même »

Cette pièce est un conte contemporain qui fait sortir le temps et la langue de ses gonds. Elle se situe dans un présent élargi et poétisé : ce présent palpable et audible dialogue avec le passé et l’avenir.

La mer Méditerranée est au centre de la pièce. Elle est cette mer à traverser pour les exilés dans un sens ou dans l’autre, selon le sens de l’Histoire. Elle est à la fois frontière et ouverture. Le sac et le ressac accompagne la pièce comme un mouvement profondément humain, un mouvement de pensée et de cœur qui doit nous aider à continuer, à inventer un autre chemin solidaire.

Il s’agit pour la compositrice et l’autrice de travailler ensemble à imaginer des « images dialectiques » pour nous rendre vigilants au moment où de nombreuses frontières se ferment et que se profile le spectre du nationalisme. Comment imaginer des bifurcations, comment inventer une langue poétique et musicale qui regarde le réel en face pour tenter de dévier son cours ?

L’autrice construit son conte des temps présents à partir d’une allusion à Le cœur froid, conte radiophonique de Walter Benjamin. La compositrice construit sa partition à partir de la mémoire qui transporte les motifs, les gestes en les transformant. La compositrice travaille, elle aussi, sur le tissage de références du passé et ses transformations : des « noyaux » de passé qui éclairent l’avenir, ce sera autant de références historiques insérés dans un langage musical présent, désincarné comme des gouttes de peinture qui tombent d’un pinceau et floquent / dévient le sens de la toile existante.